Strip Farming – Et si la culture en bandes avait de l’avenir ?

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Le Strip farming, ou culture en bandes, est une​ méthode qui consiste à cultiver un champ divisé​ en longues et étroites bandes alternées dans un​ système de rotation des cultures. Pourquoi cette​ technique, dans un contexte de crise écologique,​ mérite-t-elle que l’on s’y attarde ? C’est ce que​ nous explique Stéphane Chapuis, responsable du​ service AgroDev à la FNCuma.

Strip till Cuma

Pourquoi la FNCuma s’intéresse-t-elle à des pratiques comme le strip farming, qui favorisent la biodiversité ?

On constate une érosion de la biodiversité et si on considère que l’agriculture et la forêt occupent le plus d’espace dans le territoire, c’est naturellement vers eux que les regards se portent pour trouver les leviers qui favorisent le maintien de la biodiversité. Nous savons par ailleurs que la diversité culturale spatiale est toujours un facteur améliorant de résilience et de maintien de la biodiversité. Sauf qu’aujourd’hui, et depuis le remembrement, le système agricole impose, avec la mécanisation, de grandes parcelles. Dans une logique de productivité de la main-d’œuvre, c’est tout-à-fait logique, mais dans une logique de préservation de la biodiversité, c’est plus compliqué.

La solution ne serait-elle pas alors de réduire la taille des parcelles ?

D’une part, remorceler les parcelles, ce n’est pas acceptable pour les agriculteurs. Celui qui a le levier entre les mains, c’est l’agriculteur, mais si on n’a pas les moyens pour le financer sur la perte de temps, d’argent… Par ailleurs, la mécanisation a été conçue pour rouler en ligne droite. La solution plus réaliste, selon nous, est de recréer de la biodiversité intra-parcellaire, sous forme de bandes.

Concrètement, comment faire ?

Ce n’est pas quelque chose qui se fait en claquant des doigts, mais conceptuellement, c’est réalisable, à l’image du trafic contrôlé (CTF), mis en place aux Etats-Unis et en Australie pour avoir des autoroutes dans les champs, et faire passer la machine toujours au même endroit.

Au lieu de réduire la taille des machines, on les fait passer au même endroit, ce qui a été permis par le GPS. C’est en tout cas une voie qui mérite d’être explorée, et qui nous semble moins contraignante, car on ne réduit pas la taille des parcelles. On n’est pas non plus sur un changement de débouchés comme pourraient l’être les mélanges.

Le strip framing, c’est un peu l’intermédiaire entre les couverts végétaux ou la double culture, qui sont de la diversité temporelle, et les cultures associées qui sont de la diversité interne.

Des expérimentations pourraient alors être envisagées au sein du réseau Cuma ?

Tout à fait. On a besoin d’abord de construire un projet pour mesurer les effets, faire émerger les contraintes que cela peut soulever et que l’on n’a pas forcément imaginées. Mesurer l’impact en termes de temps de travail. Ou encore définir quelle est la bonne largeur de bandes pour maintenir une mécanisation efficiente, rapide, sans trop de contraintes nouvelles pour l’agriculteur, tout en maximisant les effets bénéfiques…

En ouvrant cette voie, on peut aussi s’interroger sur une multitude d’autres raisonnements. Existe-t-il des effets répulsifs d’une culture qui peut protéger l’autre ? Est ce qu’il y a des effets de synergie entre elles ? Toujours est-il que l’agriculteur est le premier acteur de la biodiversité et que, pour le réseau Cuma, notre savoir-faire en agroéquipement et organisation de chantiers fait notre légitimité. Sans compter que sur 200 000 agriculteurs, il y a forcément des gens qui ont envie d’expérimenter.

En savoir plus ?

Lire cet article d’Entraid sur l’expérimentation du strip till dans les Cuma du Lot et Garonne